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Maîtriser durablement les coccidies chez les bovins pendant le pâturage.

L’étude explore les mécanismes de contamination parasitaire dans les systèmes de pâturage, en se concentrant sur les coccidies, protozoaires responsables de maladies gastro-intestinales. Ces parasites sont particulièrement problématiques chez les jeunes bovins en croissance. Le travail met en lumière les pratiques agricoles influençant la charge parasitaire des pâturages et propose des stratégies de prévention efficaces.


Schema représentant le cycle des coccidies dans une génisses au pâturage
Cycles des coccidies

Liste et explications des phases du cycle des coccidies
Explication des phases du cycle des coccidies

Ce cycle, qui dure environ deux à trois semaines, dépend fortement des conditions environnementales présentes dans les pâturages. Des pratiques de gestion appropriées, telles que la rotation des pâturages et le maintien d'une bonne hygiène, sont cruciales pour interrompre ce cycle et prévenir la propagation des coccidies.


1. Sources de contamination parasitaire


La contamination des pâturages par les coccidies (Eimeria spp.) repose sur un cycle biologique précis qui facilite la dissémination des ookystes dans l’environnement. Les bovins infectés excrètent des ookystes non sporulés dans leurs matières fécales. Ces ookystes, une fois dans le sol ou l’eau, subissent une maturation appelée sporulation pour devenir infectieux. Ce processus est conditionné par des facteurs environnementaux tels que l’humidité persistante et une température optimale comprise entre 15°C et 30°C. Une fois sporulés, les ookystes peuvent rester viables pendant plusieurs semaines, voire des mois, grâce à leur résistance aux variations climatiques modérées.

Les zones les plus touchées sont celles où les pratiques de gestion sont insuffisantes. L’utilisation continue des mêmes parcelles sans rotation ou la surpopulation animale favorise l’accumulation des ookystes. Les précipitations, en dispersant les matières fécales, amplifient la contamination, notamment dans les sols boueux ou les points d’eau stagnants.

L’interaction avec les animaux joue également un rôle important dans le maintien de la charge parasitaire. Les jeunes bovins, dont le système immunitaire est encore en développement, sont particulièrement sensibles aux infections. Les bovins adultes, bien que souvent asymptomatiques, continuent d’excréter des ookystes, contribuant ainsi à la persistance de la contamination dans les pâturages.

Pour évaluer le niveau de contamination d’un pâturage, des analyses de sol et d’eau permettent de détecter la présence d’ookystes sporulés. Par ailleurs, l’examen des matières fécales des animaux pour mesurer la concentration en ookystes par gramme (OPG) constitue un outil de surveillance efficace. Une augmentation de cas de diarrhée chez les jeunes bovins peut également indiquer une charge parasitaire élevée dans l’environnement.


2. Facteurs favorisant la contamination des pâturages

Plusieurs facteurs influencent la persistance et la propagation des ookystes dans les pâturages. Les conditions climatiques jouent un rôle clé : une humidité élevée et des températures modérées accélèrent la sporulation des ookystes, les rendant rapidement infectieux. Les zones humides, mal drainées ou boueuses, notamment autour des abreuvoirs et des points d’eau, deviennent des foyers de contamination. À l’inverse, les périodes sèches ou froides ralentissent ce processus sans pour autant éliminer les ookystes, qui peuvent redevenir actifs lorsque les conditions s’améliorent.


3 veaux au pâturage
des veaux au pâturage


La gestion des pâturages est un autre facteur déterminant. L’utilisation excessive des mêmes parcelles, sans rotation adéquate, augmente la charge parasitaire au fil du temps. La cohabitation de groupes d’âges différents, notamment de jeunes bovins avec des adultes porteurs asymptomatiques, accroît le risque d’exposition. De plus, la présence d’autres espèces animales comme les petits ruminants ou les chevaux peut contribuer à redistribuer ou intensifier la contamination.

Certaines zones des pâturages sont particulièrement critiques en raison de leur usage fréquent. Les abords des abreuvoirs, des mangeoires et des abris concentrent les animaux et leurs déjections, augmentant la contamination locale. Les zones ombragées et humides, souvent utilisées par les bovins pour se reposer, offrent également des conditions favorables à la survie des ookystes sporulés.

Enfin, les pratiques agricoles influencent directement le niveau de contamination. L’absence de nettoyage régulier des infrastructures et des zones critiques intensifie le risque. Une rotation inadéquate des parcelles, avec des intervalles trop courts, ne laisse pas le temps aux ookystes de se dégrader. Par ailleurs, une gestion insuffisante des effluents, tels que l’épandage non contrôlé des déjections animales, contribue à la contamination des sols et des points d’eau.


3. Symptômes et impact sur les bovins


L’infection par les coccidies, particulièrement chez les jeunes bovins, peut se présenter sous des formes cliniques ou subcliniques. Elle entraîne des conséquences notables sur la santé des animaux et génère des pertes économiques importantes pour les exploitations.


3.1. Symptômes cliniques observables

Les infections sévères provoquent des symptômes visibles chez les jeunes bovins. Le signe principal est une diarrhée aiguë, qui peut être aqueuse avec des traces de sang ou de mucus dans les cas avancés. Ces épisodes apparaissent souvent de manière soudaine, affectant plusieurs individus du troupeau simultanément. La durée des symptômes varie de quelques jours à plusieurs semaines, selon la gravité de l’infection et les mesures d’intervention appliquées.

La diarrhée persistante conduit rapidement à une déshydratation sévère, identifiable par une peau sèche et des yeux enfoncés. Les animaux touchés montrent également une diminution de l’appétit et un comportement léthargique, avec une réduction marquée de leur activité. À ces signes primaires s’ajoutent des symptômes secondaires tels qu’un poil terne, une perte de condition corporelle et, dans les cas graves, des coliques, de la fièvre ou des douleurs abdominales.


3.2. Symptômes subcliniques

Les infections subcliniques, plus fréquentes, passent souvent inaperçues mais causent des dommages chroniques qui impactent significativement les performances des animaux. Une des premières conséquences est un ralentissement de la croissance, dû à une absorption réduite des nutriments causée par les lésions intestinales. Le gain de poids quotidien peut alors diminuer de 50 à 100 % chez les animaux infectés subcliniquement.

De plus, les lésions intestinales altèrent l’efficacité alimentaire, limitant la capacité des bovins à tirer profit d’une alimentation pourtant suffisante. Les animaux subcliniquement infectés deviennent également plus vulnérables aux co-infections bactériennes ,virales ou parasitaires, car leur système immunitaire est affaibli.


3.3. Mécanismes pathologiques

Les symptômes cliniques et subcliniques sont directement liés à l’action des coccidies sur l’intestin des bovins. Ces parasites infectent les cellules épithéliales intestinales, provoquant leur destruction massive. Cette destruction altère l’intégrité de la barrière intestinale, entraînant une inflammation locale et une perte de la capacité d’absorption.

Dans les cas les plus graves, les lésions intestinales peuvent causer une diarrhée hémorragique, caractérisée par la présence de sang dans les selles. Ce phénomène résulte de l’atteinte des couches profondes de l’intestin. Par ailleurs, la perte de fluides et d’électrolytes induite par la diarrhée perturbe l’équilibre électrolytique et aggrave la déshydratation, ce qui compromet davantage l’état général des animaux.


3.4. Conséquences économiques

La coccidiose chez les bovins engendre des pertes économiques importantes, même lorsque l’infection est subclinique. La réduction de la productivité est un impact majeur : les animaux prennent du retard sur leur courbe de croissance, allongeant le temps nécessaire pour atteindre le poids cible et les performances attendues. Chez les génisses, une diminution de la production laitière peut également être observée.

Les coûts vétérinaires associés au traitement des infections cliniques, incluant les fluidothérapies et l’administration d’antiprotozoaires, représentent une charge financière supplémentaire. Par ailleurs, la surveillance régulière des troupeaux pour détecter les infections subcliniques engendre des frais opérationnels non négligeables.

Dans les cas les plus graves, la coccidiose peut entraîner des mortalités, particulièrement chez les jeunes veaux. Enfin, les animaux ayant subi des infections sévères présentent souvent une moindre robustesse et un potentiel reproductif réduit, ce qui diminue leur valeur économique pour l’élevage.


4. Méthodes de prévention et contrôle


La prévention et le contrôle des infections à coccidies nécessitent une approche intégrée, combinant gestion optimisée des pâturages, surveillance régulière, interventions médicamenteuses ciblées et amélioration des pratiques hygiéniques.


4.1. Gestion des pâturages

Une gestion efficace des pâturages est cruciale pour limiter la prolifération des ookystes et réduire les risques d’infection. La rotation des parcelles permet de diminuer la charge parasitaire en laissant certaines zones au repos, ce qui entraîne la dégradation naturelle des ookystes. Il est recommandé d’éviter d’utiliser successivement les mêmes parcelles pour les jeunes bovins, plus sensibles.

L’introduction d’adultes immunisés sur les parcelles avant les jeunes peut également réduire la pression parasitaire, car ces animaux réduisent la pression par leur immunité. De plus, il est essentiel de limiter l’accès aux zones critiques, telles que les sols boueux, humides ou mal drainés. L’installation de systèmes de drainage contribue à assécher ces zones, réduisant ainsi la concentration d’ookystes.


4.2. Surveillance et diagnostic

La détection précoce des infections est indispensable pour prévenir leur propagation. La surveillance régulière repose sur des analyses coprologiques permettant de mesurer la concentration en ookystes par gramme (OPG) dans les matières fécales. Une augmentation de ces valeurs indique généralement une contamination croissante des pâturages.

Un élément essentiel dans la détection précoce de la coccidiose est la pesée régulière pour le suivi de la croissance des animaux. Un ralentissement de la croissance, observé à travers une baisse du gain de poids quotidien, peut être un des premiers signes d'une infection subclinique par les coccidies. La pesée systématique permet ainsi de repérer rapidement les animaux affectés avant l'apparition de symptômes cliniques évidents. Cet outil est particulièrement important chez les jeunes bovins, dont la croissance est fortement impactée par la maladie.

L’observation clinique des troupeaux est également essentielle. Les signes précoces d’infection, comme la diarrhée ou un ralentissement de la croissance, doivent alerter les éleveurs. Les animaux malades doivent être isolés pour limiter la contamination.

Parallèlement, une cartographie des zones à risque dans les pâturages permet d’identifier les zones critiques et de mettre en place des actions ciblées pour réduire la pression parasitaire.


4.3. Interventions médicamenteuses

Les traitements médicamenteux sont un outil clé pour prévenir et contrôler les infections, en particulier pendant les périodes critiques, comme la mise au pâturage, le sevrage ou les périodes de stress (thermique, climatique ou autre). L’administration prophylactique de coccidiostatiques permet de limiter la multiplication des coccidies chez les jeunes bovins.

En cas d’infection clinique, des antiprotozoaires sont utilisés pour traiter rapidement les animaux symptomatiques. Ces traitements sont souvent accompagnés de mesures de réhydratation pour compenser les pertes en fluides et en électrolytes dues à la diarrhée. Un suivi post-traitement est nécessaire pour prévenir les récidives et identifier d’éventuelles co-infections.


4.4. Pratiques d’hygiène et infrastructures

L’amélioration des pratiques d’hygiène et des infrastructures joue un rôle essentiel dans la réduction des sources de contamination. Le nettoyage régulier des zones critiques, telles que les abris, mangeoires et abreuvoirs, permet de limiter l’accumulation d’ookystes. L’utilisation de désinfectants appropriés contribue à réduire leur viabilité dans les environnements confinés.

L’aménagement des pâturages, par l’installation d’abreuvoirs surélevés et la réduction de l’accès aux points d’eau stagnants, diminue les risques de contamination. Une gestion appropriée de la densité animale est également recommandée pour réduire les contacts avec les zones contaminées.


4.5. Formation et sensibilisation

La formation des éleveurs est essentielle pour assurer la mise en œuvre efficace des stratégies de prévention. Les éleveurs doivent être informés des bonnes pratiques de gestion des pâturages, ainsi que de l’importance de la surveillance régulière et de l’utilisation appropriée des coccidiostatiques.

Les travailleurs agricoles doivent également être sensibilisés et impliqués dans les mesures préventives, comme le nettoyage des infrastructures et l’observation des signes cliniques. Une collaboration active de tous les acteurs de l’exploitation permet de renforcer la lutte contre la contamination parasitaire.


CF : 10 juin 2020 Maîtriser durablement les parasites de pâturage chez les bovins et petits ruminants. CF : 17 sept 2022 DairyNZ – Coccidiosis CF : 11 aout 2023 The Cow Vets - Coccidiosis in Calves


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