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"l'herbe ne pousse plus” : l’erreur classique qui coûte cher à l’automne. Ce n'est pas forcément de la dormance.

Introduction

Ça y est, les températures grimpent, les pluies se font rares, et la pousse ralentit sérieusement.

Dans bien des fermes, on commence à entendre :“L’herbe est en dormance, on peut laisser faire.”


❌ Sauf que non.

La vraie dormance, ce n’est pas juste une herbe qui pousse moins.

Et ce n’est pas une excuse pour laisser les animaux piétiner les paddocks ou pour oublier toute logique de gestion.


Ce qui se passe actuellement dans les prairies, c’est souvent un ralentissement, pas un arrêt total.

Et tant qu’il reste un peu de vert… il reste de la vie à protéger.


Dans cet article, on remet les pendules à l’heure :

  • qu’est-ce que la dormance, vraiment ?

  • pourquoi c’est risqué de croire que “l’herbe dort” dès qu’il fait sec

  • et surtout : comment continuer à piloter intelligemment son pâturage, même quand la croissance est au ralenti.


Parce que croire que tout est figé…C’est souvent le meilleur moyen de casser son système pour les mois à venir.

 

 

1️⃣ Dormance estivale : ce qu’elle est… et ce qu’elle permet (ou pas)

Quand les températures grimpent et que la sécheresse s’installe, la pousse de l’herbe ralentit fortement.

À ce stade, certains pensent que la prairie est "en dormance", et que tout est figé.


Mais attention : la dormance réelle est un phénomène spécifique, déclenché par le climat, pas par le stade de la plante.Et tant qu’elle n’est pas engagée, la prairie reste sensible à la gestion.


 La dormance, une réponse de survie au stress climatique

La dormance estivale est une mise en pause physiologique provoquée par des conditions extrêmes :

  • Chaleurs prolongées

  • Absence d’humidité


La plante cesse de croître, ferme ses échanges, et se met en veille pour protéger ses organes de survie.


👉 C’est une réaction défensive, déclenchée indépendamment du stade végétatif.Elle peut survenir sur une plante courte ou sur une plante haute, selon la gestion précédente.


Une plante en dormance : plus de pousse… mais plus de stress possible non plus

Une fois en dormance :

  • la plante ne pousse plus du tout ;

  • elle ne réagit plus aux coupes ou au pâturage ;

  • elle est insensible au surpâturage au sens botanique : on ne peut pas la pénaliser davantage.


➡️ Cela ouvre une opportunité :

on peut alors valoriser la biomasse présente sans risque, notamment pour entretenir des animaux à faibles besoins.

C’est le cas des stocks sur pied :

Des prairies que l’on garde “en attente” pour l’été, justement pour valoriser une ressource dormante sans impacter la repousse.


Mais tant que la dormance n’est pas là… la vigilance est de mise

Le vrai danger, c’est de croire à une dormance dès que la pousse ralentit.

Or, tant que la plante reste active, même faiblement, elle est :

  • sensible à la défoliation,

  • capable de produire (même peu),

  • et vulnérable si on l’exploite mal.


Tant que la plante n’est pas dormante, elle fonctionne. Et donc elle peut souffrir.

C’est pourquoi il est capital de savoir lire les signes réels de dormance, et d’adapter sa stratégie en conséquence.

 

 

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2️⃣ Dormance imaginaire : des décisions qui coûtent cher

❌ Il fait chaud. Il ne pleut plus. L’herbe jaunit un peu.

Et on conclut : "C’est bon, elle est en dormance."


Le problème ?

C’est souvent faux, et cette hypothèse erronée pousse à faire des choix contre-productifs.


On laisse pâturer sans précaution

Quand on pense que l’herbe est “morte”, on se dit qu’on peut :

  • faire tourner les animaux partout,

  • revenir sur des paddocks trop tôt,

  • ou même laisser un lot piétiner ce qu’il reste.


Erreur : tant que la plante est active, même faiblement, elle réagit au stress.

On entame les réserves racinaires, on inhibe la repousse, on ouvre la porte aux adventices, on tasse les sols.


Résultat : à la reprise des pluies, rien ne repart correctement.

Et on s’étonne d’avoir besoin de foin… alors que l’herbe repousse chez le voisin.


On gaspille de la biomasse encore valorisable

Même si la pousse est lente, elle n’est pas nulle.

Et en août, 25 kg MS/ha/j sur 40 ha, c’est encore 1 tonnes de matière sèche par jour.


Si on abandonne la gestion, cette biomasse devient :

  • piétinée,

  • inexistante,


C’est donc de la matière qu’on paiera en concentré ou en fourrage complémentaire, parfois dès l’arrêt de gestion


On perd le fil de la rotation

Le pâturage tournant repose sur un principe simple :alterner repos et consommation, selon la vitesse de repousse.

Quand on pense que la pousse est nulle, on coupe le rythme… et c’est toute la dynamique du système qui s’effondre


Quand la pluie revient, on redémarre avec un parcellaire désorganisé, un couvert homogène...


 

3️⃣ Que faire (vraiment) quand la dormance est là ?

Quand la vraie dormance s’installe — températures élevées + absence prolongée d’humidité — la prairie se met à l’arrêt.


❌ Plus de pousse.

❌ Plus de régénération.

❌ Plus de marge de manœuvre sur les repousses.


Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire.

C’est même le moment où les bonnes décisions font toute la différence pour le reste de la saison.


Mettre en pause les paddocks « actifs »

Tout paddock encore vert ou avec une croissance résiduelle doit être mis au repos complet.

Pourquoi ?


Parce qu’à ce stade, le moindre pâturage a un effet destructeur durable :

  • on puise dans les réserves racinaires,

  • on aggrave le stress,

  • et on compromet la relance post-sécheresse.


Ces parcelles seront les premières à redémarrer à la première pluie, à condition qu’on les ait épargnées maintenant.


Valoriser les stocks sur pied (si on en a prévu)

Un stock sur pied, c’est une parcelle fauchée ou pâturée avant épiaison, qui a construit de la biomasse avant le coup de sec,

et que l’on a gardée en réserve pour les moments difficiles.

bovins à l'engraissement sur les stocks sur pied

Quand la dormance s’installe, ces parcelles peuvent être :

  • utilisées par des animaux à faibles besoins (vaches taries, génisses),

  • ou même affouragées si l’accès est difficile.


👍 Pas de risque pour la plante,

👍 Pas de besoin de concentrés,

👍 Une ressource économique et stratégique.


Adapter les lots en fonction des priorités

Quand il ne reste plus grand-chose à pâturer, il faut faire des choix :

  • Quels lots garder au pâturage ? (les lots adaptés à la qualité du fourrage disponible)

  • Lesquels doivent basculer au stock ou être sortis ?

  • Faut-il sevrer certains animaux plus tôt ?

  • Certains animaux initialement “hors gabarit” peuvent-ils être vendus quand même ?

👉 Ce n’est pas une défaite.

C’est une stratégie pour préserver le système et les animaux restants.


Observer, ne pas s’acharner

Il y a des moments où il faut cesser de se battre contre la prairie.

Dormance = arrêt.

Pousser des animaux non adaptés à l'herbe disponible coûte de l’énergie, du stress, et souvent… de l’argent pour rien.


➡️ C’est parfois en arrêtant temporairement de pâturer qu’on protège durablement la productivité du système.

 

Conclusion : Ne pas confondre pause climatique et pause stratégique

Quand l’herbe entre en dormance, c’est la prairie qui fait une pause, pas l’éleveur.


L’erreur, c’est de croire que plus rien ne pousse = plus rien à gérer.


👉 En réalité, tout se joue à ce moment-là :

  • Savoir reconnaître la vraie dormance (et ne pas l’imaginer trop tôt),

  • Protéger les paddocks encore actifs,

  • Valoriser sans détruire ce qui peut encore l’être,

  • Prendre des décisions fortes, pour préserver le reste du troupeau et la relance future.


💧☀️ La sécheresse n’est pas une fatalité.

Mais elle demande du pilotage, pas de l’improvisation.


👉 Envie d’y voir plus clair sur les décisions à prendre dans votre propre système ?Prenez contact pour en discuter ensemble et poser les bases d’un pâturage plus robuste face au climat.


Merci d’avoir lu jusqu’au bout ! Si cet article vous a plu, partagez-le, commentez-le, et retrouvez les services Opti'pâture sur www.optipature.com.

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