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Le Déprimage des Prairies : Définition, Avantages et Conseils pour une saison facile !

Introduction


Le déprimage, cette première exploitation printanière de l'herbe par le pâturage, est une pratique clé pour les systèmes herbagers performants. En supprimant le tapis d'herbe morte accumulé pendant l'hiver, vous permettez au sol de se réchauffer plus rapidement, accélérant ainsi le redémarrage de la végétation.


Cette technique n'est pas destinée à nourrir le troupeau, mais à investir dans le potentiel de vos prairies. Les animaux sont ici des outils au service des plantes : en stimulant le tallage des graminées et en retardant la montaison, le déprimage crée les conditions d'une production fourragère optimale pour les cycles suivants.


L'investissement initial du troupeau pendant le déprimage sera largement rentabilisé lors de la seconde rotation. C'est à ce moment que la prairie exprimera tout son potentiel, offrant un volume d'herbe conséquent et une qualité nutritionnelle supérieure - cette fois-ci pleinement au service des besoins du troupeau.


Dans un système pâturant, le déprimage est donc une stratégie d'investissement : le troupeau travaille d'abord pour la prairie, qui ensuite travaillera pour lui. Cette approche garantit une production herbagère optimisée et une gestion du pâturage facilitée pour le reste de la saison.



1.       Le Déprimage des Prairies : Une Première Rotation Essentielle pour la Saison de Pâturage


Le déprimage constitue la première rotation de pâturage de l’année, une étape clé dans la gestion des prairies après la période hivernale. Son objectif principal est de permettre au soleil de pénétrer jusqu’au sol, favorisant ainsi une relance rapide de la croissance de l’herbe. Cette pratique joue un rôle fondamental dans la dynamique de la prairie et le démarrage optimal du cycle végétatif.


Les objectifs du déprimage : un levier agronomique majeur


Le déprimage poursuit plusieurs objectifs complémentaires qui contribuent à améliorer la qualité et la productivité des prairies :


1️⃣ Réchauffer le sol et activer la minéralisation

  • En supprimant l’excédent d’herbe accumulé pendant l’hiver, on expose davantage le sol aux rayons du soleil, ce qui permet d’augmenter sa température.

  • Cette montée en température favorise la minéralisation des matières organiques, libérant ainsi des éléments nutritifs essentiels pour la croissance des plantes.


2️⃣ Stimuler le tallage des graminées

  • Le déprimage incite les graminées à émettre de nouvelles talles, ce qui densifie le couvert végétal et améliore la productivité future de la prairie.

  • Une herbe bien tallée assure un pâturage plus homogène et plus résilient face aux aléas climatiques.


3️⃣ Éliminer les matières mortes accumulées pendant l’hiver

  • Après l’hiver, les prairies comportent souvent des feuilles mortes et un couvert végétal dégradé, qui peuvent ralentir la reprise de la végétation active.

  • En pâturant ces résidus, les animaux stimulent la repousse des jeunes feuilles, plus riches et plus digestibles.


4️⃣ Créer un décalage dans les repousses pour la gestion de la deuxième rotation

  • Un déprimage bien géré permet de différencier les repousses entre les parcelles.

  • Ce décalage facilite l’organisation de la deuxième rotation, en assurant un étalement des repousses et une meilleure gestion des surfaces pâturées.


5️⃣ Assurer une transition alimentaire progressive pour le troupeau

  • Après une alimentation hivernale basée sur le foin ou l’ensilage, l’herbe du déprimage offre une transition progressive vers le pâturage de pleine saison.

  • Cette herbe, bien que plus fibreuse, prépare le rumen des animaux en douceur à la consommation d’une herbe plus riche au printemps.



pâturage déprimé au printemps
Résiduel Février, le sol est découvert.

2.       Le Bon Moment pour Déprimer, C’est Maintenant !


Le déprimage s’effectue dès la sortie de l’hiver, lorsque les conditions de portance du sol sont favorables, c’est-à-dire ni trop humides, ni trop fragiles pour éviter le tassement du sol. Selon les conditions climatiques (température, altitude), cette période peut s’étendre jusqu’au début du mois d’avril.


Le déprimage des prairies est une étape clé pour bien lancer la saison de pâturage. Les conditions climatiques sont favorables, même si les journées restent encore fraîches. La végétation n’a pas encore véritablement démarré, mais les résidus de l’hiver sont bien présents. C’est donc le moment idéal pour aider les plantes à se débarrasser des feuilles mortes et à favoriser une repousse homogène et vigoureuse.

 

Le déprimage est bien plus qu’une simple première rotation de pâturage : il doit être pensé en anticipation du cycle de repousse. Pour maximiser son efficacité, il est essentiel de viser un temps de retour long, idéalement autour de 60 jours. Cet intervalle permet aux prairies de bénéficier d’une repousse vigoureuse et homogène, tout en facilitant la gestion des prochaines rotations.


 

3. Une stratégie méthodique pour un déprimage efficace


🔹 Commencer par les parcelles les moins fournies

Le déprimage débute sur les parcelles où l’herbe est la plus rase. L’objectif est d’assurer une consommation uniforme et d’éviter des résiduels hétérogènes qui compliqueraient la gestion des futures rotations.


🔹 Réguler l’ingestion pour obtenir un résiduel homogène

L’objectif n’est pas de maximiser l’ingestion des animaux, mais bien de favoriser la dynamique végétale. Il est donc essentiel d’ajuster la pression de pâturage pour garantir un résiduel bas et homogène sur toute la parcelle.


🔹 Déprimage des surfaces en fonction de leur destination

  • Commencer par la base de pâturage pour stimuler les repousses précoces et assurer une disponibilité d’herbe dès la seconde rotation.

  • Puis, intervenir sur les parcelles prévues pour la fauche afin d’égaliser la végétation et d’améliorer la qualité du fourrage conservé dans la saison à venir.

  • Si le parcellaire le permet, il est intéressant d’alterner pâturage sur la base de pâturages et les parcelles destinées à la fauche, pour créer plus de décalage entre les parcelles de la base de pâturage.

 

4. Un objectif végétal avant tout !


Dans les premiers jours et semaines de déprimage, il faut garder en tête que l’objectif est d’abord végétal, et non animal.


L’idée est de nettoyer les prairies et de stimuler la repousse, pas de nourrir pleinement les animaux avec l’herbe pâturée. C’est pourquoi quelques heures de pâturage suffisent au début, car il y a peu d’herbe disponible.


La performance des animaux ne dépend pas encore de cette herbe de début de saison, mais de la ration distribuée à l’auge.


Vaches qui déprime un pâturage
Déprimage en bonnes conditions


5. Fertilisation et stimulation de la croissance


Un temps de retour allongé offre également une opportunité précieuse pour intervenir sur la fertilité des prairies. En effet, après le déprimage, les prairies sont dégagées, ce qui constitue le moment idéal pour apporter des fertilisants comme du lisier ou du fumier liquide.


Pourquoi fertiliser après le déprimage ?

  • L’herbe rase facilite l’incorporation rapide des nutriments dans le sol.

  • L’apport en nutriments stimule la croissance des graminées et leur tallage, renforçant ainsi la densité du couvert végétal.

  • Ce timing assure que les éléments nutritifs soient disponibles au bon moment, sans compromettre la consommation de l’herbe lors du prochain pâturage.


En optimisant ce levier, on maximise non seulement la repousse de l’herbe, mais aussi sa valeur alimentaire pour la prochaine rotation.


6. Un déprimage efficace : tout se joue sur la gestion du temps d’accès


Pour garantir un déprimage performant, une gestion stricte de l’allocation d’herbe est indispensable. L’un des principes fondamentaux est de limiter au maximum le temps de présence des animaux sur chaque parcelle.


🔹 Pourquoi cette contrainte est-elle essentielle ?

  • L’objectif du déprimage n’est pas de nourrir les animaux, mais de structurer la prairie pour le reste de la saison.

  • Une occupation prolongée entraîne un pâturage irrégulier, avec des zones surpâturées et d’autres laissées intactes.

  • Une pression de pâturage bien calibrée assure un résiduel bas et homogène, garantissant une repousse équilibrée sur l’ensemble de la parcelle.


🔹 Comment gérer le temps d’accès efficacement ?

  • Réduire la durée de pâturage sur chaque paddock à quelques heures seulement (selon la disponibilité d’herbe).

  • Privilégier des lots d’animaux adaptés à la pression souhaitée (ex. : génisses légères plutôt que vaches laitières lourdes).

  • Il est possible de redécouper les paddocks, dans le but d’augmenter le chargement instantané, pour faciliter l’obtention d’un bon résiduel. Ça permet aussi d’allonger la durée de la première rotation sur une même surface de bloc de pâturage.

 


7. Les Erreurs à Éviter Lors du Déprimage : Garantir une Prairie Productive Toute la Saison



Le déprimage est une pratique essentielle pour bien démarrer la saison de pâturage, mais une mauvaise gestion peut limiter son efficacité et compromettre la productivité des prairies à long terme. Voici les principales erreurs à éviter et leurs conséquences sur la gestion du pâturage.

 

1️⃣ Un déprimage commencé trop tard : une perte de potentiel pour toute la saison.


L’une des erreurs les plus courantes est de décaler le déprimage trop tard dans la saison. Pourtant, intervenir dès que les conditions de portance le permettent est essentiel.


🔸 Impact sur le réchauffement du sol

  • Un déprimage tardif empêche l’herbe de profiter pleinement de l’augmentation des températures printanières.

  • L’effet bénéfique du rayonnement solaire sur la minéralisation du sol est réduit, retardant ainsi le démarrage de la prairie.

🔸 Conséquences sur les parcelles destinées à la fauche

  • Si le déprimage est retardé, les parcelles prévues pour la fauche auront une végétation trop avancée, ce qui compliquera leur exploitation ultérieure.

  • Un pâturage mal géré en début de saison entraîne une mauvaise qualité du fourrage récolté, avec un excès de fibres et une digestibilité réduite.

 

2️⃣ Appliquer du lisier avant le déprimage : une fausse bonne idée


L’apport de lisier sur les prairies peut sembler bénéfique en début de saison, mais mal positionné, il devient un frein au bon déroulement du pâturage.


🔸 Un effet indésirable sur la mise à l’herbe

  • Après un apport de lisier, l’herbe prend un goût amer qui dissuade les animaux de la consommer immédiatement.

  • Les troupeaux doivent donc attendre avant d’être mis à l’herbe, retardant le déprimage et la transition vers le pâturage.

🔸 Perte de rendement global

  • La mise à l’herbe tardive signifie que les animaux entrent sur un vrai stade de pâturage plutôt que sur une herbe de déprimage.

  • Cela réduit la capacité à structurer la progression de la saison, avec un rendement final moindre et une gestion plus compliquée des rotations suivantes.


Solution ? Apporter le lisier après le déprimage pour maximiser ses effets bénéfiques sans impacter la dynamique de pâturage.

 

3️⃣ Un résiduel hétérogène : des refus à gérer plus tard


L’un des principaux objectifs du déprimage est de laisser un résiduel homogène. Une mauvaise gestion de la pression de pâturage entraîne des zones surconsommées et d’autres laissées en refus, ce qui impacte toute la saison.


🔸 Pourquoi est-ce un problème ?

  • Un résiduel hétérogène, avec des zones d’herbe trop haute après déprimage, crée des zones de refus.

  • Ces refus ne seront pas corrigés naturellement et devront être gérés en mai-juin, avec un impact sur la qualité du pâturage et l’homogénéité des repousses.

🔸 Comment éviter ce problème ?

  • Gérer finement la pression de pâturage en ajustant la taille des paddocks et le temps d’accès.

  • S’assurer que l’allocation d’herbe est calibrée pour obtenir un résiduel bas et uniforme.

 

4️⃣ Une sortie tardive des animaux : un décalage des rotations mal maîtrisé


Un déprimage retardé entraîne un effet domino sur les rotations suivantes, compliquant la gestion de l’herbe sur le reste de la saison.


🔸 Peu de décalage entre les paddocks

  • Une sortie tardive des animaux signifie que la base de pâturage aura un niveau d’herbe équivalent dans toutes les parcelles, créant un déficit de différenciation des repousses.

  • Résultat : lors de la troisième rotation, trop d’herbe partout, ce qui favorise le gaspillage et la surmaturité de certaines parcelles.

🔸 Manque d’herbe pour la quatrième rotation

  • Une gestion tardive entraîne un déséquilibre : après une troisième rotation trop abondante, la quatrième rotation risque d’arriver trop vite sans herbe disponible pour maintenir le troupeau en pâturage.


Solution ? Démarrer suffisamment tôt pour échelonner les repousses et garantir une disponibilité d’herbe équilibrée tout au long de la saison.

 


Conclusion : Le Déprimage, Un Levier Clé Pour une Saison de Pâturage Réussie


Le déprimage n’est pas une simple mise à l’herbe précoce : c’est une étape stratégique qui conditionne toute la saison de pâturage. Bien mené, il permet d’optimiser la repousse de l’herbe, de structurer les rotations et d’améliorer la productivité globale des prairies. À l’inverse, une mauvaise gestion – qu’il s’agisse d’un démarrage trop tardif, d’un résiduel hétérogène ou d’une fertilisation mal placée – peut compromettre l’équilibre du pâturage sur plusieurs mois.


Les clés d’un déprimage efficace résident dans :

Un démarrage au bon moment pour maximiser l’effet de réchauffement du sol.

Une gestion précise du temps d’accès des animaux pour obtenir un résiduel homogène.

Un temps de retour suffisant (60 jours environ) pour assurer une repousse optimale.

Une fertilisation post-déprimage pour renforcer la dynamique des graminées.

Une vision globale des rotations pour éviter les déséquilibres entre les cycles de pâturage.


En respectant ces principes, le déprimage devient un véritable outil de pilotage du pâturage, garantissant une production d’herbe de qualité et une gestion durable des prairies.


🌱 Et vous, avez-vous déjà planifié votre déprimage ? Quelles stratégies mettez-vous en place pour optimiser votre saison de pâturage ?

 

Le déprimage est une étape clé, mais une bonne gestion du pâturage au printemps va bien au-delà ! Pour un accompagnement personnalisé et des conseils adaptés à votre exploitation, faites appel à notre expertise.


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