Témoignage : Marie ROY « 11 mois de pâturage sans stress ni boue grâce à notre chemin de pâturage »
- Thomas MAUGER
- 2 avr.
- 3 min de lecture
Nous sommes une structure en GAEC située sur le premier plateau jurassien, à 550 m d’altitude, sur la commune de Vevy. Notre exploitation s’étend sur 230 hectares exclusivement en herbe, avec une production annuelle de 720 000 litres de lait sous AOP Comté et Morbier. L’équipe est composée de deux associés, un salarié et un apprenti. La nature de nos sols est superficielle et plutôt séchante, ce qui influence fortement notre gestion du pâturage.
Notre exploitation actuelle est issue de la fusion de deux exploitations en 2015. Dès le début, nous avons réfléchi à une structuration du parcellaire pour développer un pâturage tournant dynamique. Nous avons défini la taille des paddocks de manière à permettre le pâturage de 110 vaches laitières sur une période de 24 heures.
Une des questions majeures était l’accès aux paddocks. Nous disposions déjà d’un chemin d’association foncière qui desservait une partie des parcelles, mais nous avions aussi 50 hectares accessibles directement depuis le bâtiment. Il nous fallait donc un deuxième chemin pour garantir un accès fluide et efficace à l’ensemble du pâturage.
Dans notre terroir, les sols sont très séchants en été, et nous voulions maximiser la période de pâturage en permettant aux vaches de sortir dès le début de l’année et jusqu’à la fin de l’année. Grâce à cette infrastructure, nous avons pu pâturer du 29 janvier au 10 décembre en 2024, malgré une année particulièrement pluvieuse.
La mise en place du chemin

Pour limiter les coûts, nous avons utilisé des matériaux disponibles sur l’exploitation.
Nous avons conçu le chemin avec une largeur de 3 mètres, suffisante pour permettre le passage d’un tracteur si nécessaire. Afin d’assurer un bon écoulement des eaux, nous avons opté pour un profil bombé au centre avec une pente de chaque côté.

L’accès aux paddocks a été soigneusement pensé avec plusieurs entrées, ce qui évite les zones trop boueuses, particulièrement en période humide. Ces zones de trafic peuvent en effet détériorer les prairies et être néfastes pour les pieds des vaches.
Nous avons utilisé une roche calcaire friable et facilement compactable, qui s’est révélée être un matériau très efficace. Depuis sa mise en service, le chemin n’a nécessité aucun entretien particulier.
Pour la mise en place, nous avons collaboré avec une entreprise locale qui a réalisé le décapage de la partie végétale, l’étalement de la roche et son compactage. De notre côté, nous avons assuré l’excavation et le transport des matériaux.
Les bénéfices observés
Le premier bénéfice majeur a été l’allongement de la saison de pâturage de plus de trois mois. Grâce à cet aménagement, les vaches peuvent sortir et rentrer en toute autonomie, ce qui facilite énormément le travail quotidien.
L’un des grands avantages est que les déplacements sont très fluides : les vaches se suivent naturellement sans hésitation, ce qui limite le stress et les risques de boiteries.
L’impact économique est également très positif. L’allongement du temps de pâturage nous permet de réduire les coûts alimentaires, car l’herbe pâturée reste l’alimentation la plus économique.

Enfin, cet aménagement joue un rôle clé dans le bien-être animal. Un bon chemin permet aux vaches de circuler dans de bonnes conditions, avec un accès aux prairies le plus longtemps possible. Cet accès prolongé est bénéfique pour leur santé, la détection des chaleurs et l’équilibre du troupeau. Dans notre cas, cela s’inscrit parfaitement dans le cahier des charges des AOP Comté et Morbier, où l’accent est mis sur le pâturage.
Notre retour d’expérience et conseils
Nous sommes totalement satisfaits de cet aménagement et ne changerions rien à la mise en place de ce premier chemin. Malgré une année particulièrement pluvieuse, il est resté en parfait état.
Si nous avions un conseil à donner aux éleveurs hésitant à investir dans un chemin d’accès, ce serait de bien réfléchir au parcellaire et à l’organisation du pâturage. Il est important de prendre en compte la topographie, les méthodes d’exploitation et la présence éventuelle d’un réseau d’eau.
Un calcul simple permet aussi de mesurer l’intérêt de cet investissement : combien d’économies pourrait-on réaliser en allongeant la saison de pâturage d’un mois ? Dans notre cas, le retour sur investissement s’est fait en moins de 5 ans, et les bénéfices se constatent au quotidien.
Un chemin bien conçu améliore le confort de travail, optimise l’exploitation des pâtures et garantit un meilleur bien-être animal. Pour nous, c’est un élément indispensable de la gestion du pâturage !
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